Leçon 6

Mieux vaut tard que jamais.
Libanios

On dirait un vrai !

Où l’on trompe l’œil des mariés.

Paul-André Basset, Entrée de Leurs Majestés Napoléon Premier et Marie-Louise d'Autriche dans l'Avenue des Champs Elysées, 1810, estampe au burin coloriée, 28,5 x 42,5 cm, Bibliothèque de l'Institut National d'Histoire de l'Art, Paris

Printemps 1810, à Paris. L’empereur Napoléon Ier va bientôt épouser Marie-Louise d’Autriche. La journée des noces doit être parfaite ! Le trajet des jeunes mariés passe par la place de l’Étoile, au pied d’un magnifique arc de triomphe. L’Empereur l’a commandé en l’honneur de ses armées.

Seulement voilà, le chantier a pris du retard : le monument ne sera jamais fini pour le mariage. Qu’à cela ne tienne : l’architecte Jean-François Chalgrin ordonne qu’on fabrique en urgence… un faux arc de triomphe, en bois et en toiles peintes en trompe-l’œil !

Pour construire cette maquette grandeur nature, on embauche alors en catastrophe 500 ouvriers charpentiers, et pour qu’ils travaillent vite sans protester, on les paie 6 fois le salaire journalier habituel.

Ouf, l’honneur est sauf, Napoléon et Marie-Louise peuvent passer devant un semblant d’arc présentable. Chalgrin en profite même pour réfléchir à son projet et modifier les décorations du monument final. Mais il meurt avant de le voir achevé : à la fin de l’Empire, en 1815, l’Arc de triomphe, le vrai, n’est toujours pas terminé !

Médaille Napoléon et Marie-Louise, vers 1810, argent, musée de l'Armée, Paris / Photo : RMN-Grand Palais / Emilie Cambier