Leçon 5

Les honneurs, comme les échasses, grandissent ceux qui ne seraient jamais devenus grands.
Diane de Beausacq

Joli parcours…

Où l’on rencontre un soldat méritant.

15 juillet 1804, Paris. Dans l’église Saint-Louis des Invalides, le moment est solennel : c’est la première fois que l’empereur Napoléon Ier remet la plus haute décoration qui soit en France, la fameuse Légion d’honneur. Parmi les heureux élus qui la reçoivent avec émotion, il y a des officiers, des hommes d’église, des savants… et de simples soldats comme Jean-Roch Coignet. Pourquoi lui ?

C’est que Jean-Roch n’est pas n’importe quel soldat : illettré, pauvre, longtemps abandonné à lui-même, il a intégré l’armée du général Bonaparte en 1799. Depuis, il s’est illustré sur le champ de bataille, notamment à Marengo, mais surtout… il n’a jamais été blessé ! En le décorant, Napoléon veut montrer que, tout empereur qu’il est, il sait ce qu’il doit à ses fidèles soldats, même les plus modestes.

Jean-Roch Coignet, auréolé de gloire, n’en a pas fini avec l’armée. Il combat jusqu’à la fin de l’Empire et termine sa carrière comme capitaine aux grenadiers de la Garde impériale, l’élite de l’élite de l’armée de Napoléon. Tout cela en ayant appris à lire et écrire entre deux batailles… et toujours sans aucune égratignure !

Julien Le Blant, couverture des Cahiers du capitaine Coignet, 1896, Hachette, Paris, Bibliothèque nationale de France, Paris