Leçon 8

Sur l’urne qui renferme tes cendres […], le rayon de l’immortalité brille.
Alexandre Pouchkine

L’Empereur contre-attaque

Où l’on va au bout du monde pour déterrer Napoléon.

Joseph Skelton d'après Eugène Isabey, Embarquement des restes de l'empereur Napoléon à bord de la frégate la Belle-Poule, 15 octobre 1840, 2e moitié du 19e siècle, estampe, 21,8 x 29,9 cm, musée de l'Armée, Paris / Photo : RMN-Grand Palais / Tony Querrec

1840, Toulon. C’est le grand départ ! Le fils du roi Louis-Philippe grimpe sur son bateau, avec plusieurs anciens serviteurs de l’Empire. Direction le bout du monde…

Leur mission ? Récupérer les "cendres" de Napoléon (c’est-à-dire sa dépouille). Mort sur l’île britannique de Sainte-Hélène dix-neuf ans plus tôt, l’Empereur déchu y est enterré. Or, le roi Louis-Philippe vient d’obtenir des Anglais l’autorisation de le rapatrier. S’il y tient tellement, c’est qu’il a de nombreux opposants : il espère réunir les Français derrière lui, grâce à une histoire commune glorieuse. Voilà pourquoi il essaie de capter l’héritage de Napoléon !

Après plusieurs mois d’expédition, l’Empereur peut donc faire son grand retour à Paris. Il y est accueilli par une foule enthousiaste qui l’accompagne jusqu’à sa dernière demeure : l’église des Invalides. Napoléon va reposer sur les bords de la Seine, au milieu du peuple français, comme il l’avait souhaité.

Désormais, les Invalides vont voir défiler ses admirateurs… et même la reine Victoria du Royaume-Uni, en 1855.

Mais l’Empereur devra tout de même attendre pour qu’on lui fasse une place digne de lui. Son corps n'est placé dans le sarcophage de 4 mètres de haut, au sein de la crypte conçue à sa gloire, que 20 ans après son retour triomphal !

Le tombeau de l'empereur Napoléon Ier, 1853, quartzite rouge, granit vert, 400 x 200 cm, église du Dôme des Invalides, Paris / Photo : RMN-Grand Palais / Emilie Cambier