Leçon 3

Nous luttons contre la glace, la neige, les tourmentes, les avalanches. Le Saint-Bernard […] nous oppose quelques obstacles.
Napoléon Bonaparte

Vous trouvez ça grandiose ?

Où l’on découvre qu'il ne faut pas toujours se fier aux apparences.

Georges Rouget d'après Jacques-Louis David, Bonaparte franchissant le Grand Saint Bernard, 1801, huile sur toile 260 x 221 cm, musée de l'Armée, Paris / Dist. RMN-Grand Palais / Emilie Cambier

C’est un grand jour pour le peintre Jacques-Louis David. Son atelier vient d’être honoré d'une commande du roi d’Espagne : le portrait du général Bonaparte franchissant les Alpes.

Bonaparte, qui donne son avis pour la composition, veut être représenté sur son cheval comme les anciens généraux romains. Mais il est très occupé. Poser, à quoi bon ? "Croyez-vous que les grands hommes de l'Antiquité ont posé ? C'est le caractère qu'il vous faut peindre !"

David et ses assistants se mettent donc au travail. Ils disposent du chapeau et de l’habit de général de Bonaparte, ainsi que de son sabre. C’est le fils du peintre, qui pose à la place du modèle récalcitrant.

Le tableau est achevé peu après. Le Premier Consul y apparaît sur un cheval fougueux, le regard perçant et déterminé. La main tendue, il indique à ses troupes la direction et montre la victoire. Il est représenté en héros, héritier des conquérants dont les noms sont inscrits sur les rochers : Hannibal et Charlemagne.

Bonaparte est très satisfait du tableau. Tant et si bien qu’il en commande trois répliques !

On en oublierait presque que le Premier Consul a plutôt franchi le col du Grand Saint Bernard sur le dos d'un mulet, frigorifié, comme le représente Paul Delaroche en 1848... Une image bien moins glorieuse !

Paul Delaroche, Napoléon franchissant les Alpes, 1850, huile sur toile, 279,4 x 214,5 cm, Walker Art Gallery, Liverpool