Leçon 2

Je suis rouge avec les rouges, blanc avec les blancs, bleu avec les bleus, c'est-à-dire tricolore. En d'autres termes, je suis pour le peuple, pour l'ordre, et pour la liberté.
Victor Hugo

"À la mode de chez nous"

Où l’on découvre des couleurs plus royales que prévu.

Illustration Artips

Le bleu blanc rouge comme couleurs nationales ? C'est au général La Fayette que l'on doit ce choix, réalisé en pleine Révolution française de 1789. Selon une histoire célèbre, celui-ci aurait eu l’idée d’associer le blanc du roi au rouge et bleu de Paris portés par la Garde nationale. Une façon de ménager tout le monde, donc… Eh bien en fait pas du tout : cette explication est en grande partie légendaire !

Elle ne tient pas la route pour de nombreuses raisons. La première, c’est qu’en cette fin de XVIIIe siècle, les couleurs de Paris sont le rouge et le marron. La seconde, c’est que cela fait alors longtemps qu’en France, on utilise ces trois couleurs ensemble.

Le blanc est bien un symbole royal par excellence, mais le rouge est lui aussi associé très tôt à la royauté, car il s’agit de la couleur de l’oriflamme de l’abbaye de Saint-Denis. C’est derrière cet étendard que les armées vont à la guerre. Le bleu a également une importance majeure pour les souverains français : il s’agit de la couleur du manteau (ou chape) de saint Martin, considéré comme l'un des protecteurs du royaume de France. Pour être couronnés, les rois portent d’ailleurs un manteau bleu à fleurs de lys.

Bleu, blanc et rouge n’ont donc rien de révolutionnaire, du moins au début. Ce sont en fait les couleurs à la mode, voilà tout. Mais cela va vite changer, bien entendu…

Bizard, Garde national protégeant une cargaison de sucre, 1792-1793, huile sur toile, 99,5 x 80 cm, Musée de la Révolution française, Vizille / Photograph by Rama, Wikimedia Commons, Cc-by-sa-2.0-fr