Leçon 4

Le pantalon garance c’est la France
Eugène Étienne, Ministre de la Guerre

"Alerte rouge !"

Où l’on découvre qu’il faut parfois opter pour la sobriété.

Illustration Artips

Paris, 14 juillet 1912. La foule est venue acclamer son armée pour le traditionnel défilé militaire. Avec son bel uniforme aux couleurs nationales, le soldat est la fierté du pays. Pourtant, au passage de certaines troupes, le public siffle. Que se passe-t-il ?

Les soldats qui les composent ont troqué leur fameux pantalon rouge français contre un gris vert. C’est inacceptable ! La tenue traditionnelle du fantassin, avec la capote bleue et le pantalon rouge, est un symbole de la Nation depuis le XIXe siècle. Et pour beaucoup, le nouvel uniforme neutre, appelé tenue réséda (d’une nuance de vert), manque cruellement de panache.

On fait donc machine arrière : le pantalon rouge garance est maintenu pour les défilés… mais aussi sur le champ de bataille ! Ce n’est qu’à la veille de la Première Guerre mondiale que l’uniforme neutre est adopté. Mais il est trop tard : confectionner de nouvelles tenues pour toute une armée ne se fait pas en une nuit...

Les Français partent donc au front en rouge. On le regrette bien vite, hélas : dans cette guerre moderne, ils sont les derniers à porter un uniforme si clinquant et constituent des cibles de choix. Les nouvelles tenues arrivent au compte-gouttes. En attendant on porte des surpantalons bleus, et on cire les boutons de veste pour éviter qu’ils ne brillent trop !

Vareuse d'essai "réséda" pour troupe, XXe siècle, drap, Musée de l'Armée, Paris / © Paris - Musée de l'Armée, Dist. RMN-Grand Palais / Verlag Militaria